Le transport de voitures électriques par voie maritime représente un nouveau défi pour la sécurité des navires. En effet, ces véhicules sont exposés à des risques d'incendies spontanés, certes rares, mais particulièrement difficiles à contenir en raison de leur propagation rapide et de la hausse soudaine de la température. Les batteries chargées à plus de 30% sont notamment mises en cause pour cette surchauffe .
Une limitation de charge à 30% pour réduire les risques
L'une des solutions envisagées pour limiter le risque pourrait être de n'accepter que des batteries chargées jusqu'à un maximum de 30% sur les navires et les ferries. Bien que cela puisse sembler étonnant, une telle mesure permettrait d'éviter la surchauffe causée par des batteries pleines et donc de réduire considérablement le risque d'incendie. Néanmoins, gérer ce qu'il reste à consommer avant l'embarquement est loin d'être simple pour le conducteur, sans parler de l'obligation quasi systématique de recharger rapidement après le débarquement.
Une collaboration entre experts pour trouver de nouvelles méthodes d'intervention
Cette idée a été formulée par le Lieutenant de Vaisseau Hervé, responsable de l'expertise maritime au sein du bureau des pompiers marins de Marseille depuis 2016. Il travaille actuellement avec 150 experts du secteur sur de nouvelles méthodes d'intervention, face à ce risque particulier posé par les voitures contenant 400 à 600 kg de batteries.
La détection thermique et les robots pompier pour éteindre les incendies
Pour contenir les incendies des voitures électriques à bord des navires, il faudra doubler la quantité d'eau utilisée, passant de 500 à 1 000 litres par minute . Cette mesure ne devrait pas poser de problème majeur sur un navire. Par ailleurs, les navires rouliers (roll-on/roll-off) devront être équipés de systèmes de détection thermique et disposer de robots pompiers capables d'intervenir rapidement en cas d'incendie.
- Plusieurs incendies ont été rapportés dans la section actualités, dont celui du Felicity Ace qui a coulé au large des Açores en 2022, emportant avec lui 4 000 véhicules de luxe italiens et allemands à destination des États-Unis.
- En août dernier, le Fremantle Highway, chargé de 3 784 voitures, a également pris feu, mais l'enquête n'a pas permis de déterminer la cause de l'incendie.
Tenir compte du type de batteries pour réduire les risques
Pour limiter les risques d'incendie, il est également important de prendre en compte le type de batteries utilisées par les véhicules. Les batteries lithium-ion de type LFP sont en effet moins denses énergétiquement et donc moins susceptibles de surchauffer, contrairement aux batteries NMC largement utilisées aujourd'hui. Une étude suédoise sur les demandes d'indemnisation maritime indique d'ailleurs que les voitures électriques ont 20 fois moins de chances de prendre feu que celles à moteur à combustion interne.
L'intensité des incendies en milieu confiné, un problème majeur
Toutefois, bien que les voitures électriques soient moins sujettes aux incendies spontanés, cela ne résout pas tout le problème. Le véritable enjeu réside dans la difficulté d'intervention pour maîtriser ces incendies en milieu confiné, comme cela peut être le cas dans les parkings publics ou privés ainsi qu'à l'intérieur des bâtiments. Les mesures renforcées telles que la limitation de la charge des batteries et l'utilisation de robots pompiers contribueront sans doute à améliorer la sécurité du transport de voitures électriques par voie maritime.
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